Portrait : Sarah Aïdoud

Je suis Sarah Aïdoud, j’ai 36 ans. J’habite La Solidarité depuis 2014, après quatorze ans passés à Kallisté. J’ai trois fils : Samir a dix-sept ans, Mourad a quatorze ans et Zakaria a neuf ans. J’ai connu l’Espace Lecture car mes enfants fréquentaient le centre social situé juste à coté : j’ai vu une petite bibliothèque, je suis entrée, puis j’y ai amené mes enfants.

J’ai tout de suite aimé l’atmosphère qui y régnait grâce à Ouassila et Youmix. Je me suis sentie tout de suite un peu comme chez moi. C’est au delà de la lecture, à l’Espace je me sentais en sécurité, je savais qu’ils étaient là près de moi et ça me rassurait. J’ai pu lier connaissance avec de nombreuses personnes du quartier. J’ai aussi appris que la lecture pouvait apaiser, de même que l’écriture. Ça m’a apporté de la sérénité. Quand on vient faire un tour à l’Espace Lecture, c’est un peu comme une séance de yoga, on en sort ressourcé ! J’y ai appris la signification des prénoms de ma famille, je viens chercher des idées de plats dans les livres de recettes, les enfants viennent après la classe pour faire leurs devoirs…

Ouassila et Youmix sont toujours là pour aider, pour un problème administratif, pour utiliser l’ordinateur… c’est aussi un lieu de parole où on peut se confier, seule ou en groupe. Je me souviens d’une après-midi que Ouassila avait organisée avec un groupe de femmes qui parlaient le français depuis peu. Elle présentait un livre d’images sans aucun texte et chacune devait s’exprimer et imaginer des histoires à partir des images. Ça m’avait tellement plu que j’avais fini par prendre la place de tout le monde, chaque image me parlait et déclenchait mon imagination ! Je me souviens aussi d’une de nos dernières sorties, au cinéma du Mucem, où Ouassila nous a emmené voir le film « D’une pierre deux coups » de Fejria Deliba. Ce film nous a profondément émues, nous sommes sorties en pleurs, nous y avons toutes trouvé quelque chose de nos histoires.

L’Espace Lecture m’a fait évoluer, j’ai pris confiance en moi, j’ai participé au projet du roman-photo Les Ephémères, j’ai pu lire un texte devant un public à la Station Alexandre, une chose qui me paraissait jusque là insurmontable ! Je suis devenue plus à l’écoute et plus patiente, en particulier avec les enfants : il y a quelques années, je n’aurais jamais envisagé de travailler avec des enfants, je n’en avais pas la capacité. Et pourtant je vais commencer dans quelques jours un travail d’agent technique dans un centre aéré, où je vais les côtoyer toute la journée, m’occuper de leurs repas et de l’entretien des locaux.

L’espace est presque devenu un deuxième chez moi… en cherchant bien, j’y trouve un petit point qu’on pourrait améliorer : il faudrait une machine à café !

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