Les chroniques du Plan d’Aou 2
Discussion du Samedi 21 avril
Aujourd’hui on se lance dans un atelier pâtisserie. Les petites mains s’activent, on ramolli le beurre, on étale les petits bruns, une couche de beurre fondu, une couche de chocolat, ça prend forme.Deux mamans sont avec nous, Samia et Kadidja et il suffit d’ouvrir le cahier et de saisir le stylo pour que des dizaines de petits souvenirs éclatent comme du pop corn dans la poêle. Et de quoi parle-t-on ? De pâtisserie évidemment. Les gâteaux arabes, c’est plus ce que c’était, sommes nous tenté de dire, nous, les travailleurs sociaux qui avant, à la fin de chaque Ramadan, recevions des tonnes de pâtisseries orientales. Il fallait venir au boulot avec d’énormes boites dont nous refermions avec difficulté le couvercle tant elles étaient gavées. Aujourd’hui, walou, nada, pas l’ombre d’une corne de gazelle, pas même une miette de makrout. C’est normal, nous répond-t-on. C’est plus comme avant, au bled. Nos enfants préfèrent à nos pâtisseries traditionnelles les cochonneries industrielles vues à la télé, Quant à nos anciens, ils ont du diabète, alors on en fait peu, très peu. Samia se met à évoquer les montagnes de gâteaux en Algérie à l’époque du Ramadan. On fait peau neuve, on change les rideaux, la vaisselle, les enfants sont habillés de neuf, tout rappelle un nouveau cycle. Là-bas les enfants dévorent les makrouts, les baklavas, les sablés secs qu’on nomme « croquant » à Hanaba et « croquis » à Constantine. Et les fêtes, les célébrations ? Là encore, que de souvenirs. Kadidja nous raconte le 5 juillet, la fête de l’indépendance. On fleurit les tombes de ceux qui sont tombés pour la liberté mais aussi celles des Pieds Noirs. A Béjaïa on commémore aussi le premier novembre, date du début des hostilités. On papote, on note, l’atelier progresse, le gâteau sera prêt pour le goûter. D’autres mamans arrivent, escortées par une volée de marmots. Les mamans invitent des mamans, de nouvelles têtes font leur apparition, il faudra pousser les murs ou investir l’extérieur.
